Du matin...

Du matin...

6h15
Un mug de thé fumant entre les mains, je parcours ma boîte mail. Ma tasse de café est déjà vide et il flotte un léger parfum d’expresso dans le salon silencieux de l’appartement. Sur le buffet, deux petites bouteilles de lait fraîchement tiré partiront chez la nounou tout à l’heure avec mon bébé.
Alors, qu’avons-nous ? Un compte-rendu d’urgences, où un de mes patients a été reçu cette nuit, un labo pour une nouveauté produit, des radios, une demande de stage, nichée entre deux factures. Ah, et les résultats d’analyses labo pour Mme Bichu. Ils sont bons, super. Il faudra que je l’appelle pour les lui transmettre. 
Tiens, bébé pleure. Je ferme l’ordinateur.

8h45
J’ai déposé l’enfant chez la nounou. Sur la route, j’appelle Elodie, mon assistante, pour la prévenir de mon retard, du matériel à préparer pour les chirs de la matinée. Elle est bien Elodie, elle me soulage. Moi qui pensais, pendant longtemps, n’avoir besoin de personne… J’aime notre façon d’évoluer, à deux, dans la lumière et les couleurs douces de mes nouveaux locaux. Elle a aidé au déménagement de mon cabinet. Elle fait, déjà, partie de son histoire. 
Au pied du siège passager, Cirrus, mon fidèle compagnon, somnole. Sa truffe humide frôle régulièrement le bout de mes doigts sur le levier de vitesses. Ce temps paisible du trajet est le moment où nous échangeons, sans mots, avant le tumulte de la journée.

9h15

J’ai fait la piqûre d’anesthésique à la petite chatte que je dois stériliser ce matin. Pendant les quelques minutes qu’il lui faut pour s’endormir, j’étale tous les petits tickets de carte bleue sur mon bureau, à côté des post-it en attente, et je fais la comptabilité d’hier. Il faudra aussi…répondre aux demandes de stages, relire le dernier consensus médical pour la gestion de telle pathologie, prendre des nouvelles d’un patient, commander les croquettes pour un autre, rédiger quelques ordonnances, penser à racheter une cartouche d’imprimante, rappeler le menuisier pour une baguette de porte.

Et appeler Mme Bichu pour ses résultats, bien sûr.

Elodie, téléphone sur l’épaule et souris d’ordinateur dans la main, joue au Tetris avec le planning du jour et dans le même temps, termine de préparer la chatte pour ma chirurgie. Sur le coin de mon bureau, il y a une tasse d’eau chaude dans laquelle, inspirée par un élan d’optimisme, j’ai mis un sachet à infuser. Le tout finira froid sans même avoir bougé…comme d’habitude.

Allez hop ! J’enfile mon masque, je pars opérer.

La chirurgie est mon petit moment à moi. Minuté, mais suspendu. Je suis seule avec le corps petit ou grand qu’on m’a confié, à la fois calme, et concentrée. J’ai l’impression de partir en plongée. Je n’aime pas qu’on me dérange. Souvent, je m’entends fredonner. Edith Piaf, Reine des Neiges, tout dépend de l’humeur du jour.

11h05
Quand le premier chien jappe depuis la salle d’attente, je sais que j’ai déjà pris du retard sur la troisième chir de la matinée. Bon, j’appellerai Mme Bichu plus tard. Il faut finir le surjet cutané, le ballet des consultations va démarrer. Ouvrons la porte et voyons voir ce qui nous attend aujourd’hui…

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